Quand il n'y avait rien, Elle était. Quand le tien n'était pas nominé, Elle était. Quand le Chaos était roi, Elle était.(...) Elle n'est pas à droite. Elle n'est pas à gauche. Elle n'est pas dessus, Elle n'est pas dessous. ELLE EST DEDANS.
Extrait du Livre de la Vérité de la Parole Transcription des hauts texte d'Egypte par le Dr J.C. MADRUS al Samuel TASTET 1986.
Etre profondément Athée aujourd'hui ne semble pas être un problème par rapport au fanatisme des intégristes de l'Eglise qui quelques siècles plutôt pourchassaient les hérésiarques jusqu'au bout du monde, pour les passer aux bûchers de l'inquisition.
Plus encore, une certaine gloire justifiée par les philosophies contemporaines pourrait même auréoler et légitimer en ce siècle pseudo-moderne la liberté de pen­ser de l'athée.

Dans certaines écoles initiatiques et plus particulièrement en Franc-maçonnerie, un grand amalgame entre la déité et la reli­gion à vu le jour, créant ainsi une certaine confusion dans l'esprit du cherchant sin­cère et honnête.
Dès cet instant, renier la religion fut le principe suprême de la Liberté de cons­cience, voire même encouragé par des Laïcs désireux de socialiser jusqu'à la pensée et les actes du pseudo-initié.
De plus, derrière ce bandeau, dans le panorama de la Franc-maçonnerie mon­diale est venue ce superposer l'intoléran­ce envers la foi et de la croyance d'une entité métaphysique préexistante, créant ainsi un malaise sur la définition même du " Grand Architecte de l'Univers ".
Cette liberté de conscience, mise en place et proclamée par le plus grand nom­bre semblerait même s'éloigner des trois questions fondamentales qui taraudent depuis des temps immémoriaux les êtres humains :
Qui sommes-nous ? Où allons-nous ?
Et comment ?
Trois questions qui pourraient simplement se résumer en un mot :
La GNOSE. Cette Connaissance originelle, colportée au tra­vers de nombreuses Traditions initia­tiques primitives, ne peut-être abordée à mon sens, qu'avec la science du cher­chant et la confiance de celui qui possède l'intime conviction, que celle-ci réside encore dans un tout petit cercle d'initiés. Il lui appartient de s'ouvrir sincèrement pour recevoir cette double appartenance ; celle de l'Athée Religieux ".

Demi-boutade ? Faut-il faire allusion à l'Apatride spirituel qui au terme d'un long voyage d'errance vient enfin de découvrir sa vraie Patrie ( celle de son vrai Etat Spirituel )
Cette patrie ou cette adoption est prédo­minante à Memphis-Misraïm, puisqu' elle fonctionne, en plus des attributs conven­tionnels de la Maçonnerie sur les bases intrinsèque du " Credo ".
Ce propos mérite nuance.

EXTRAIT DU CORPUS HERMETICUM LIVRE 'I (Traduit par Philippe Laurent)

EXTRAIT DU RITUEL COMPLET DE MEMPHIS MISRAIM

"Saint est Dieu, le Père de toutes cho­ses. Saint est Dieu, de qui le pouvoir est accompli par ses propres Puissances. Saint est Dieu, qui veut qu'on le connaisse et qui est connu de ceux qui lui appartiennent. Tu es Saint, toi qui, par le Verbe, as constitué tout ce qui est. Tu es Saint, toi de qui toute la Nature a reproduit l'image. Tu es Saint, toi que la Nature n'a point formé. Tu es Saint, toi qui es plus fort que toute puissance. Tu es Saint, toi qui es plus grand que toute excellence Tu es Saint, toi qui es au-dessus des louanges. Reçois les purs sacrifices en paroles que t'off­rent une Ame pure, un cœur tendu vers toi, Inexprimable, Indicible, toi que seul le silence nomme. Je te supplie, que nulle chute ne me frustre de la part de connaissance qui revient à notre essen­ce : accorde-moi cette prière et remplis- moi de puissance.
Alors, j'illuminerai de cette grâce ceux de ma race qui demeurent dans l'igno­rance, mes frères, tes fils. Oui, j'ai la foi et je rends témoignage : je vais à la vie et à la lumière. Tu es béni, Père : celui qui est ton homme veut te prêter aide dans l’œuvre de sanctification, selon que tu lui as transmis toute la puissan­ce. " ... etc

"Architecte Suprême de tous les Mondes Père de toutes choses, Toi dont la Volonté s'accomplit par ses pro­pres Puissances, Toi qui veux être éternellement et qui est ! Toi qui te révèle et es connu de tous ceux qui sont à Toi ! Toi qui as constitué les Etres par ta Parole, Toi dont la Nature toute entière n'est que l'Image, mais que la même Nature n'a point formé! Toi qui es plus fort que toute Puissance, plus grand que toute Majesté, au-dessus de toute Louange, reçois donc, Eternel Architecte, le pur sacrifice verbal des âmes et des cœurs .Qu’il monte vers Toi, avec cet Encens, ô lnexpressible, Ineffable, et que seul le Silence peut définir! Ne permet point que nous nous égarions, donne-nous la Force, illumine de Ta Gnose les hommes qui sont encore dans les ténèbres de l'Ignorance, Tes propres enfants. Nous croyons en Toi et nous Te rendons hommage. Puissions-nous donc, Maçons des Temples de Memphis, marcher vers Toi dans la Vie et dans la Lumière, puisque l'homme qui t'appar­tient peut partager Ta Sainteté et Ta Lumière, ainsi que Tu lui en as donné le pouvoir " etc.
Décoiffant n'est-ce pas ?

Ce texte quel que soit la conception du ritualiste qui le pratique, n'est pas moins qu'une prière invocatoire ! Excusez-moi du peu ! Le " Dieu " d'Hermes Trimegiste, Père de toutes Choses, sous la plume experte d'un Franc- Maçon se transmute et devient " Le Grand Architecte de l'Univers " ( pre­mière rupture avec la tradition ). À mon avis, ces différentes interprétations sont une sorte de modestie relative à une conception profonde et impalpable de la Déité remplissant elle aussi tout l'univers. Déjà en 1723, le pasteur Anderson (qui n'a jamais été initié à la Maçonnerie), sentant le trouble que pouvaient provoquer chez les Francs- Maçons athées la croyance en une reli­gion, et les dogmes s'y rattachant avait écrit dans ses constitutions : " Un Maçon est obligé, par son titre, d'obéir à la loi morale et s'il comprend bien l'Art, il ne sera jamais un athée stupide, ni un libertin irréligieux ".

Bien qu'à l'époque, les Maçons fussent tenus de pratiquer la religion, quelle qu'elle fût, il est maintenant considéré plus à propos de seulement les astrein­dre à une religion sur laquelle tous les hommes sont d'accord, c'est-à-dire à être des hommes de bien, d'honneur et de probité, quelles que soient les déno­minations ou confessions qui aident à les distinguer (mais est-ce suffisant ?).
Pourtant la fin du 19e siècle sera mar­quée en France et en Belgique par l'augmentation de l'implication politique des Loges et par l'aggravation des polé­miques entre l'Eglise Catholique et la Franc-Maçonnerie.

Ces tensions aboutiront à un événement majeur dans l'histoire de la Franc- Maçonnerie francophone : en 1872, une grande Obédience (que je ne citerais pas) de Belgique abroge l'invocation du Grand Architecte de l'Univers ( deuxiè­me rupture avec la tradition ). En 1877, elle est suivie dans cette voie par une autre grande Obédience française, qui ne supprime que l'Obligation de cette invocation, chaque Loge restant libre de son choix.
Et Memphis Misraïm en ce temps là me direz-vous ?
Et bien en relisant le Rituel au 1er degré édité par Marconis de Nègre en 1849 concernant le sanctuaire de Memphis (3) à quelques variantes près, nous retrouvons l'âme de notre rituel : (extrait):
" Dieu souverain qu'on invoque sous cent noms divers, et qui règne seul, Tout-Puissant, immuable Jéhovah, père de la nature, source de la Lumière, Loi suprême de l'univers, nous te saluons. Reçois, ô mon Dieu ! l'hommage de notre Amour, de notre admiration et de notre culte "...
Marconis de Nègre, affirmait que cette obédience Egyptienne (Mizraim) devait son origine à un schisme survenu, en 1322, à l'intérieur des Templiers écos­sais, qui aurait donné, d'une part, le Rite Écossais et, de l'autre, le Rite de Memphis ou d'Orient.
Robert Ambelain quant à lui, affirme, dans "Cérémonies et rituels de la Maçonnerie symbolique", que le Rite de Memphis serait né, en 1815, de la fusion d'apports issus de divers ordres occul­tes, comme le Rite Hermétique d'Avignon, le Rite Primitif de Narbonne, et les Frères Africains avec et surtout une survivance gnostiquo-hermétique égyptienne qui remonterait aux maçons opératifs ayant accompagné les Templiers"....

Le rite de Memphis-Misraïm résulte donc de la fusion du Rite de Misraïm et du rite de Memphis ; c'est à mon avis le plus grand système maçonnique hermé­tique en activité de nos jours. Notre rituel Egyptien, tant décrié par certain, convoité par d'autres est la grande porte de la théurgie opératoire et effective­ment hermétique à ceux qui n'essayent pas de l'aborder avec la convic­tion profonde que celui-ci renferme les arcanes de la Gnose.

Le rite de Memphis-Misraïm est au-delà de la Foi ou de la religion, il est CREDO, croyance intime sans justification, il est la conviction personnelle de celui qui le met réellement en Œuvre.
Ibn 'Arabî (1165-1240) pensait qu'il n'y a qu'une seule réalité du principe derrière toutes les manifestations de l'universel: " Mon cœur est capable de devenir foute les formes distinctes: il est le cloître du moine chrétien, un temple pour les idoles, une prairie pour les gazelles, la Ka'ba du pèlerin, les Tables de la Loi de Moïse, le Coran [...] Amour est mon credo; de quelque côté que se tournent mes cha­melles, amour est toujours mon credo et ma foi ".

Cette doctrine n'est l'exclusivité d'aucune " maçonnerie " et ne se limite à aucune société ni période. Elle est l'héritage de toutes ces grandes âmes initiées pas­sées à l'Orient éternel.
Ainsi chacun dans sa " Franc-maçonnerie Egyptienne " est conduit à définir sa pro­pre orthodoxie, selon sa nature et ses besoins, et d'après ses diverses expé­riences. Cela peut expliquer pourquoi ceux qui s'imaginaient que la maçonnerie était une nouvelle religion ont cherché en vain son credo et son rituel.
Son seul credo d'après moi, c'est la Loyauté envers la Vérité, et son rituel consiste à honorer chaque vérité en la mettant en pratique à partir d'une certaine règle (règle que nous trouvons couron­nant les deux autres joyaux de la Loge).
Dans son "Dictionnaire Templier (4), Jean Paul Bourre, nous dit " Pour les Frères Elus (élite des chevaliers du Temple) la règle est un véritable credo apparaissant à tout autre comme parfaitement ésoté­rique ". Voici donc un exemple concret des apports templiers, au sein du rite de Memphis-Misraïm. Alors !

Alors, il est sans importance que certains le nomment Dieu, Jéhovah, Père de toute chose, Verbe, Lumière ou le Grand Architecte de l'Univers, car sur le fond du problème rien n'est plus important.

"In principio erat Verbum" (Jean 1,1) :

Au commencement était le Verbe, Verbe créateur, Verbe originel tout puissant, expression intrinsèque du Divin qui se manifeste.
Le Verbe, canal de transmission de la Volonté Divine, vecteur de communica­tion entre les sphères subtiles et le plan manifesté dans lequel nous vivons. Au commencement était le Verbe, précédant toute manifestation, Source Originelle de toute Vie, pont jeté entre le Divin et sa Création.
Le credo d'une telle approche réside dans le rapport très étroit des hommes avec le cosmos et dans la certitude que Dieu ou le Grand Architecte de l'Univers, quel que soit le nom que l'on donne au principio" divin, a offert à l'humanité les moyens de retrouver le passage vers ce pont.
Les Francs-maçons doivent donc s'effor­cer de déchiffrer la signature du Créateur dans sa Création et ils y parviendront en usant les grilles de lecture symboliques invariantes et métaphysiques en fonction des traditions initiatiques dont ils seront issus.

Nos constitutions disent sans détour : " Le R..A..P..M..M est un Rite spiritualiste, ce qui implique la croyance au Grand Architecte de l'Univers; il n'est lié et ne dépend d'aucune religion particulière, et laisse depuis toujours ses membres dans une pleine et totale liberté de conscience". Et de rajouter :
"Inclinez-vous devant cette puissance Souveraine et Mystérieuse, que la raison humaine est aussi impuissante à définir qu'à nier et que la Franc-Maçonnerie proclame sous le nom de GRAND ARCHITECTE DE L'UNIVERS ou SUBLIME ARCHITECTE DES MONDES..."
À ce stade nous touchons du doigt les fondements même de la création et ainsi les bases fondamentalement primitives de notre rituel.
Par l'intermédiaire de fragments collectés entre autres dans le CORPUS HERMETI­CUM nous invoquons, exhortons, et surtout proclamons .
On oublie trop souvent qu'à la base de la pensée hermétique, car notre rituel est pro­fondément hermétique, il y eut... Hermès. Sous ce nom générique, personnage réel ou pas, se cache un véritable résumé de tous les courants gnostiques de la civilisa­tion égypto-hellénistique, ou, "Ecole d'Alexandrie".

Le Poimandrès est le premier texte du Corpus Hermeticum.
Certainement l'un des plus important à l'égard de notre Rituel.
Vous pourrez constater par vous-même les grandes similitudes entre les deux textes.
Mais je pense sincèrement que le maître mot du cherchant est l'observation. L'observation empirique de ses cinq sens aiguisés aux outils, qui lui permettront de dégager la quintessence, la réalité profonde de l'être, de l'animal, de la plante, du minéral, réalité qui s'organise alors dans une sorte de cosmogonie, une philosophie, et pourquoi pas la Franc-Maçonnerie Egyptienne !
Ainsi, mes Sœurs et mes Frères, vous qui portez les couleurs du Rite de Memphis Miraïm, soyez fiers, non pas cette fierté que porte l'athée irrévérencieux vers l'aveu­glement, mais plutôt fiers du discernement qui brille dans les yeux du sage et levez la tête vers cette Lumière, cette voie royale et sacerdotale qui par ses contenus opéra­toires en font un rite sans équivalence avec les autres courants initiatiques du monde entier.

J'ai dit !

F.C.H Valhieron